Tourisme 2.0 : anatomie de la France Airbnb
Depuis son implantation en France en 2012, Airbnb s’est imposée comme un acteur central de l’hébergement touristique. En une décennie, la plateforme – avec d’autres comme Booking ou Abritel – a profondément redessiné les pratiques de voyage. L’étude retrace cette expansion rapide : d’une présence ponctuelle dans les métropoles, les stations de ski et du littoral en 2013, elle s’est diffusée dès 2019 dans la quasi-totalité du territoire, épousant l’attractivité des grands sites patrimoniaux, des parcs naturels ou des littoraux, et connaissant une forte accélération post-Covid. Festivals, événements culturels et manifestations sportives créent des pics de réservations, révélant l’intégration des plateformes dans l’économie événementielle locale. L’analyse souligne aussi les tensions : rôle des résidences secondaires, concurrence ou complémentarité avec l’hôtellerie, effets sur le logement, mais aussi maintien de commerces de proximité. Côté usagers, un Français sur deux a déjà réservé via Airbnb ; les profils d’utilisateurs sont plus jeunes, plus diplômés, plus urbains que la moyenne, mais reflètent l’ensemble de la société. Les séjours sont courts (5 jours en moyenne), souvent en couple ou en famille, et motivés par des arbitrages budgétaires. Si les plateformes offrent souplesse et diversité, elles n’effacent pas toutes les inégalités d’accès aux vacances : classes modestes, jeunes femmes et ruraux restent les plus empêchés.
Dans les bourgs n’affichant aucune réservation via Airbnb, autrement dit les moins touristiques, le nombre moyen de commerces et services de proximité recensés n’atteint que 3,5. Dès lors qu’un flux minimal de visiteurs se manifeste sur la plateforme, cet indicateur progresse nettement pour dépasser 5 commerces et services de base en moyenne. La tendance se confirme avec l’intensité touristique : dans les communes où le volume de nuitées franchit les 10 000 en 2024, la moyenne grimpe à 7 commerces ou services essentiels. Dans les localités les plus attractives, où les nuitées dépassent 20 000 par an, elle franchit même le seuil symbolique des 10.

















